samedi 1 mars 2014

Pétition adressée par les Vénézuéliens et amis du Venezuela à Mme Irina BOKOVA, Directrice générale de l'Unesco


Maria Uzcátegui Moncada

Mme. Irina BOKOVA
Directrice général de l’Unesco
1 rue Miollis
75732 Paris Cedex 15


À Lyon, le 3 mars 2014
OBJET :
Pétition adressée par les Vénézuéliens et amis du Venezuela en France à Mme Irina Bokova, Directrice générale de l’Unesco

Madame la directrice,

Les Vénézuéliens en France et les amis du Venezuela souhaiteraient attirer votre attention sur leur inquiétude quant au contenu idéologique de la table ronde organisée pour le prochain mercredi 5 mars 2014, de 10 heures à 12:30 autour de la thématique « De Bolivar à Chavez : Un legs pour le destin de l’UNESCO ».

Tout d’abord, la thématique de discussion risque d’être un sujet fort discutable d’un point de vue académique. Ainsi l’ont démontré des chercheurs reconnus à travers des recherches et la publication d’études critiques qui expliquent comment l’historiographie vénézuélienne du XIXe et du début du XXe siècle, a su recréer la figure de Bolivar à des fins politiques. Cela à servi à la construction d’un culte du héros national comme facteur d’unité nationale permettant de faciliter la gouvernance (voir en ce sens Germán Carrera Damas (1970), El culto a Bolívar ; ou encore Elías Pino Iturrieta (2003), El divino Bolívar : Ensayo sobre una religión republicana).

Depuis l’arrivée de Chavez au pouvoir cette utilisation et instrumentalisation de l’histoire à des fins politiques s’est vue fortement accentuée. L’Académie nationale de l’histoire a émis un communiqué le 3 mars 2006 afin d’attirer l’attention des chercheurs sur cette question et de rappeler la portée et l’application de la loi du 20 juin 1968, référée aux usages du nom, de l’effigie et des titres de Simon Bolivar et publiée dans le Journal Officiel du Venezuela sous le numéro 28.658. Plus grave encore, depuis la disparition physique d’Hugo Chavez une sorte de cathédrale à été bâtie à Caracas afin d’honorer la mémoire du « Comandante » créant ainsi une sorte de nouveau culte national. Cette cathédrale fut baptisée « La caserne de la montagne ». Non seulement ce lieu constitue un outrage à la mémoire des Vénézuéliens décédés durant les événements du 4 février 1992 et du 11 avril 2002, mais la possibilité de rapporter ce culte au sein d’une organisation internationale de la taille de l’UNESCO constituerait une atteinte au respect des droits fondamentaux des citoyens et aux droits humains. Depuis 2011, nombreuses ont été les plaintes formalisées et interposées par des Avocats vénézuéliens et des figures publiques, auprès de la Cour Pénale Internationale contre le défunt Hugo Chavez pour violation des droits humains et pour crimes de lèse humanité. Par ailleurs, une table ronde autour d’une telle thématique est de tout point de vue incompréhensible, eu égard des répressions violentes exercées par l’État vénézuélien durant les trois dernières semaines contre les étudiants qui manifestent dans le rues, lesquelles ont provoqué déjà une quinzaine de morts selon les sources officielles. Enfin, nombreux sont les Vénézuéliens et les amis du Venezuela qui s’opposent à voir remplacée la figure du Libertador Simon Bolivar, par celle d’Hugo Chavez.

Les Vénézuéliens en France et les amis du Venezuela sont stupéfaits devant la possibilité que l’UNESCO puisse cautionner une entreprise aussi outrageante, visant à manipuler la mémoire et l’histoire du peuple vénézuélien.

Madame la Directrice Générale, l’UNESCO a été créée sur la base de belles et nobles ambitions. Il lui est impossible de faillir dans sa mission sous l’influence de pressions politiques en violant les impératifs de vérité objective et critique à la base de toute éducation qui mérite ce nom. L’éducation, le progrès et la philosophie méritent de puiser leurs exemples ailleurs que chez un régime autoritaire qui viole impunément les droits les plus fondamentaux de ses citoyens : le droit à la liberté d’expression et à la critique constructive ; le droit à circuler en sécurité sur tout le territoire national ; la présomption d’innocence et le droit de manifester pacifiquement en respect de l’article 350 de la Constitution Nationale. Le Parlement européen vient d’ailleurs d’exiger du gouvernement vénézuélien de libérer ses prisonniers politiques à travers un communiqué de presse adoptée par 463 voix pour, 45 voix contre et 37 abstentions, en séance plénière du 27 février 2014 (voir document ci-joint).

C’est pour cette raison que les Vénézuéliens et les amis du Venezuela en France vous prient d’annuler tout événement ayant des prétentions scientifiques qui contribuerait à diminuer la crédibilité de l’UNESCO auprès des sociétés démocratiques du monde occidental.

Maria A. Uzcátegui,
Vénézuélienne, avocat, magister scientiae ès science politique.
Doctorante en histoire (LARHRA UMR 5109) et
chargée d’enseignement en Introduction à la vie politique française de 1870 à nos jours à Lyon 2-Lumière.

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